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Deborah

Je n’oublierai jamais ton regard posé sur le mien derrière la vitre de la voiture cet fin d’été 2003

Nous avions vécu une amitié  dite de vacances.

Deux semaines c’est si peu dans une existence.

Pour toi, ce fut ton dernier été.

 

On a dû s’écrire les semaine suivantes, puis j’ai appris que tu étais tombée malade.

Je ne savais pas comment et à quel point, où peut etre que je ne voulais pas en savoir davantage.

J’ai voulu venir te voir à Marseille.

La routine avait reprit, les cours au collége..j’étais mineure. » C’est trop compliqué  »

L’été où nous nous sommes rencontrés, tu avais 13 ans  et moi 14.

Dans ma mémoire, nous avions le même âge.

Tu était plus grande de taille.tu faisais plus âgée, plus femme.je t’admirais quelque part …

Nous nous étions « trouvées « dans cet hôtel-club du Val d’Isère où les petits étaient trop petits et les grands, trop grands.

Alors, nous trainions ensemble par la « force des choses »;  jour après jour un lien d’amitié s’était crée.

On s’empruntait nos fringues,déjeunait ensemble au self service, trainait dans nos chambres d’hôtels à trouver une quelconque activité.

Le soir, on essayait de trouver des distractions interdites.

Nous étions devenues assez inséparables.

La musique faisait partie intégrante de notre séjour. Nous écoutions en boucle Britney Spears et Jenifer.

( j’ai su des années plus tard dans une interview qu’elle était venue te voir à ton chevet d’hôpital)

20 ans après ta disparition,  je perçois encore ton visage d’adolescente, ton regard brun à travers tes lunettes.

Le souvenir d’une jeune fille au coeur pur.

Tu adorais  » être à la mode »

Porter des converses, mettre des bandanas et des jeans uniquement taille basse.

Tu les portais si bien.tout t’allait. je te les empruntais mais « ça ne faisait pas pareil  »

Le temps des vacances. nous étions  devenues « sarah et déborah, les inséparables  »

Deux semaines dans une existence c’est rien.quand l’on pense qu’on à la vie devant soi.

Rien ne te destinait à t’éteindre si tôt :

Ton âge, ta fraicheur, ta beauté méditerranéenne, ton coté rebelle, ton amour pour la vie, ta musique dans les oreilles..

De quoi parlions-nous jusqu’à pas d’heure dans le lobby de l’hôtel ? savais-tu  que tu étais malade ?

Je revois ton sourire rayonnant malgré tes bagues aux dents que tu essayais désespérément de cacher

Je te revois toquer dans ma chambre proposer que l’on  s’ennuie ensemble

Je revois nos préparatifs interminables pour les soirées à thème du club  pour « plaire « à celui qu’on admirait.

Nos debriefs sur les gens de l’hôtel, sur ce garçon mystérieux,sur la fille qu’on appréciait pas (mais que lui aimait bien),sur nos parents chiants,sur les gosses trop bruyants qui nous prenait pour leurs baby-sitters.

Je ne me souviens pas que nous ayons évoqués nos vies routinières à Paris et Marseille.

Peut être qu’on voulait simplement profiter de nos vacances, évoquer nos passions et nos rêves…

Deborah Elbaz,

« 14  ans » au milieu des vieux.

ton âge « fait tâche » dans les actes de décès

il m’arrive parfois de regoogliser pour voir si tout cela est bien réel

Il faut dire que l’on ne s’est pas beaucoup fréquentés

Deux semaines c’est si peu dans une existence

Deux semaines  d’une sincère amitié.

J’ai tellement cherché des photos de nous deux

En avions-nous fait ?

Surement, oui. Où sont elles ?

21 ans plus tard, il m’arrive de penser à toi

Je ferme les yeux.Ton visage me revient.

J’imagine la vie que tu aurais pu vivre

Maman ou mariée, où les deux ?

Une jeune femme productrice de musique ou créatrice d’une marque de vêtements..

Quel était ton idéal de vie ?

Et notre amitié de vacances,dans tout ça ?

Peut être que je serais descendue à Marseille ou toi venue à paris

peut être que nous serions juste restées en contact ;

Ou ajoutées sur les réseaux sociaux et écrits joyeux anniversaire  par pure nostalgie ou simple politesse.

 

Deborah, deux semaines c’est si peu dans une existence

Mes parents m’avait caché ta disparition pour me préserver

Moins d’un an après ces vacances, j’avais osé appelé chez toi et ta maman m’avait annoncé  au bout du fil que tu avais quitté ce monde.

Les larmes avaient coulées, j’avais encore fait pleurer ta mère.

 

 

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