Si mon arrière grand-mère avait porté l’étoile jaune, était descendue du train (vers la zone libre) quand les allemands l’ont ordonné, je ne serais sûrement pas ici à vous raconter mes stories en story.
L’insolence se paie parfois.
Si mon grand père n’avait pas fui Paris pour se réfugier dans un village sous une autre identité.
Je ne serais pas ici à me plaindre de mes dates claquées
La vie ne tient qu’à un fil. Il suffit d’avoir le combo mauvais endroit/mauvais moment pour que ton destin bascule.
Il m’arrive parfois de cauchemarder;
Souvent après un film sur la Shoah (où lorsque ma journée s’est trop bien passée).
Je fuis loin pour échapper à l’oppresseur et atteindre des zones libres.
Je n’ai pourtant rien vécu.
Une « traumatisée “ de 3ème génération disent- ils.
Dans la vie réelle c’est se sentir mal à l’aise quand la ratp me contrôle alors que j’ai mon navigo.
S’arrêter devant les plaques dorées devant les écoles.Les plaques commémoratives, les noms des rues, des jardins parisiens…
Les films qui passent à la télé.
Les scènes d’enfants aux étoiles jaunes qu’ont cache dans les armoires des maisons voisines avant la Rafle.
Le voyage en Pologne que je n’ai pas fait.
le silence de mes grands parents sur l’existence de D-ieu.Le
témoignage de Serge Klarsfeld dans mon collège.
Mon ancien voisin de pallier tirant sur sa manche pour me montrer son tatouage.
Un documentaire sur Babi Yar visionné par hasard à la télé.
Le journal d’ Anne Franck.
Mon exposé sur la vie de Primo Levi en 1ere.
La liste de Schindler. trash mais qu’on regarde quand même.
Et quand tu mets de côté cet héritage, il te revient en pleine face : une vidéo du 7/10, des manifestations qui dérapent, un proche qui t’écrit “sois prudente ” ou les mots d’un chroniqueur radio censé être drôle.
Une affaire personnelle mais une affaire de tous.
Et finalement, tout voir pour ne rien oublier.